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Réflexions sur la rentrée (Professeurs des écoles)
La journée de rentrée est une journée particulière, teintée de stress, d’un mélange d’excitation et d’appréhension, qu’on soit enseignant, directeur d’école, AESH, atsem, cadre, etc. Dans cet article, je m’adresse plus spécifiquement aux professeurs des écoles et aux directrices et directeurs d’école.
Quelque soit le poste que l’on va occuper, pour une première fois ou pour la trentième fois, la préparation à la rentrée et aux premières semaines de classe est essentiellement un acte personnel. Il n’est pas trop difficile de trouver de l’aide, des pistes de travail, de bons conseils…Si on en a besoin, le plus grand risque étant de se perdre dans la foule d’informations. Internet, les réseaux sociaux fourmillent de personnes compétentes qui partagent au plus grand nombre leur expérience et leurs réflexions. Et c’est une excellente démarche au service de l’Ecole.
Toutefois, j’ai envie d’aborder un point qui est parfois laissé de côté, ou un peu survolé : celui de l’état d’esprit et de la « santé mentale » des professionnels. Je mets entre guillemets car l’expression peut faire peur. J’ai pensé à cela en discutant avec une professeure des écoles qui exprimait la pression qu’elle ressentait, mais aussi la culpabilité à voir certaines collègues « étaler » sur leurs réseaux leur travail de préparation, leur « classe si bien rangée, organisée », les documents plastifiés, tout prêts…Face à cela, elle se sentait déprimée et démobilisée et, finalement, n’arrivait pas à s’y mettre.
Ainsi, est-ce qu’on prend (vraiment) le temps de se préparer sur les plans intellectuel, émotionnel, psychologique ? La rentrée, ce n’est pas commencer un voyage au pays des bisounours. Il y a beaucoup d’aspects positifs dans le métier, de retours gratifiants, de soutiens, de motivation à faire plus…mais il n’y a pas que ça. Non, tout ne va pas être merveilleux. Il y aura dans les jours et semaines qui suivent des hauts et des bas. Chez certains débutants, ce sera peut-être le grand désenchantement…La réalité du métier arrive rapidement : la charge de travail, les situations difficiles, les conflits, les ambiances de travail parfois tendues, la gestion de l’articulation vie pro/vie perso, la pression du changement, les réformes, le contexte sociétal, les aléas de la vie privée, etc. Ne pas être préparé à tout cela, ne pas savoir comment le gérer va créer un profond mal être, et avec le temps, si on ne déconnecte pas, si on n’agit pas sur certains de nos comportements, si le travail envahit notre vie et nos pensées, le burnout ne sera pas loin…
Alors comment se préparer à cela pour mieux vivre son métier ? Pour que cette rentrée soit la première d’un nouveau chapitre professionnel, plus serein et plus en adéquation avec ce que l’on souhaite. Je propose plusieurs axes de travail :
1/ S’organiser, planifier son travail
L’objectif est de délimiter clairement les frontières vie pro / vie perso. Le métier peut prendre beaucoup (trop) de temps. On peut ne jamais s’arrêter car il y aura toujours quelque chose (de plus) à faire. Et à trop en faire, on devient de moins en moins performant, au contraire même. La culture professionnelle qui tendrait à prouver qu’on est de bons professionnels parce qu’on part tard du travail, qu’on fait plus d’heures, qu’on ne dit jamais non est une aberration.
Donc, il faut se créer un planning détaillé, incluant le temps passé à l’école, les temps de préparation/correction et tâches administratives mais aussi les moments de détente et autres activités personnelles. Il est bon aussi d’apprendre à hiérarchiser : identifier les tâches les plus importantes et urgentes pour les réaliser en priorité.
Si tout cela ne suffit pas, peut être prendre le temps de se former à des techniques de travail et de productivité : utilisation d’outils numériques, méthode pomodoro, le batching, le deep work, la prise en compte de certaines lois (loi de Pareto, loi de Parkinson, loi de Laborit) etc. C’est un aspect totalement absent (à ma connaissance) de la formation des professeurs et directeurs.
2/ Apprendre à déconnecter
Il faut ensuite apprendre à déconnecter : ne plus consulter ses mails H24, ne pas dire oui à toutes les demandes, ne pas répondre aux messages des parents après telle heure, accepter de couper même si tout n’a pas été fait (plutôt que de sacrifier le sommeil, un repas, etc). Il faut pour certaines personnes se détacher du rôle de « bon élève » et de la volonté de paraitre « parfait » aux yeux des autres. Savoir s’écouter pour se préserver pour au final être plus disponible.
3/ Apprendre à gérer son stress
La source de stress varie selon chaque professionnel mais il y a des invariants : stress produit par un conflit, par la charge de travail, par des changements trop fréquents, etc.
On peut, et on doit, apprendre à gérer son stress, par la pratique d’activités relaxantes, sportives (la marche quotidienne par exemple a de nombreux bienfaits), par la mise à distance des choses (le stress vient souvent d’une implication émotionnelle trop grande…Ce n’est pas vous qui êtes attaqué dans un conflit, c’est le professionnel représentant une institution par exemple…).
Le travail en équipe, l’échange avec les collègues, la communication avec la hiérarchie sont aussi directement connectés au stress, positivement ou négativement. Cela demande donc une réflexion. J’ai ainsi vu souvent des enseignants rester dans une école pendant plusieurs années alors qu’ils s’y sentaient mal et en souffrance, tant le changement peut faire peur et être bloquant.
Et si besoin, il ne faut pas avoir honte ou culpabiliser à consulter un professionnel de santé pour se faire accompagner.
En conclusion, dans un contexte où le métier est de plus en plus difficile, de plus en plus mal vécu comme les enquêtes de bien-être en témoignent, il est indispensable que chacun -individuellement et collectivement- prenne en compte ces questions.
Merci pour ces mots apaisants et encourageants. Et si vrais. Ce sera ma 18ème rentrée et toujours le même trac, le même éparpillement mental parce que je veux mieux faire que l’année d’avant. Et l’épuisement mental et physique dès le 1er jour. Alors je vais aller regarder les lois dont vous parlez, prendre le temps d’être avec mes élèves sans chercher la performance, et m’imposer des horaires de travail à ne pas dépasser. Bonne rentrée à vous aussi et merci pour tout ce que vous faites pour nous (mhm, année 6 et tjrs aussi satisfaite ^^).
Merci pour ce retour. Il est fondamental d’apprendre à se préserver, faire moins, mieux et vivre…les élèves en profiteront encore plus !