Le Q-Sort

Technique utile, que j’ai découverte grâce à François Muller il y a une quinzaine d’années. Je l’ai utilisée plusieurs fois en formation ou en stage. Le Q-sort a été mis au point à partir de travaux de l’Institut National de la Recherche Pédagogique par l’Institut National d’Administration Scolaire et Universitaire.(De Peretti).

Cet outil invite les participants à identifier leurs représentations, leur positionnement intellectuel (voire leurs préjugées et fausses idées) sur un sujet, un concept ou un problème choisi car il les concernent directement ou indirectement. Il est intéressant en formation mais peut aussi servir lors d’un accompagnement professionnel individuel.

Le Q-sort se présente sous la forme d’une série d’items , d’assertions sur un thème (ou un concept, une notion) – général ou précis- ou une situation particulière. Les personnes doivent se positionner sur ces items. Cette série peut être relativement courte (15 à 25 items) ou beaucoup plus longue (jusqu’à 60-70 items), en fonction de l’objectif poursuivi.

Plusieurs objectifs peuvent être assignés à un Q-sort :

  • saisir, à un moment donné, une image des représentations présentes au sein d’un groupe en formation ;
  • mobiliser la réflexion et entraîner progressivement des modifications dans les représentations de chacun par la confrontation et d’autres actions associées. 
  • diversifier des approches face à une situation, un problème. Il peut ainsi être tout à fait utile dans le cadre de réunions à visée de résolution de problèmes ou même d’évaluation d’une action de formation.

Conception

Il existe des Q-sort déjà conçus (cf. exemples infra) mais on peut en concevoir un spécifiquement pour répondre à un besoin. Ce n’est pas un exercice facile. Je conseillerai de jeter ses idées sur une feuille puis d’interroger plusieurs collègues, de formation et de parcours professionnel variés pour prendre leurs propositions et idées. Brainstorming et test sur plusieurs personnes indispensables !


Consignes de passation 

La passation est menée individuellement ou collectivement. Il est intéressant de mettre en place un anonymat pour obtenir un plein engagement des participants. Dans ce cas, il faut leur permettre de conserver une copie de leur réponse (photocopie ou photo avec smartphone) quand l’organisateur récupère les feuilles pour le dépouillement.

Le Q-sort s’adresse directement à la personne mais selon le contexte on peut imaginer lui demander de prendre le rôle d’une autre personne (intéressant dans le cadre d’une résolution de problèmes).

Pour classer les items proposés, on demande à chacun de lui attribuer un score selon des consignes précises (par exemple un « +2 » peut correspondre à « conception parfaitement partagée » ou « totalement d’accord » ). Les scores possibles sont prédéterminés pour permettre ensuite une échelle de répartition correspondant à une distribution de type « gaussienne » (généralement 2 scores positifs et 2 scores négatifs, plus ou moins marqués avec plus ou moins d’items autorisés dans chaque catégorie). Une telle répartition oblige la personne à faire des choix nets.

Il faut compter de 15 à 30 minutes pour un Q-Sort de 20 items, de 30 à 45 minutes pour un Q-Sort de 60 items. Cela peut être une modalité de travail à distance mais elle n’aura pas la même efficacité selon les outils utilisés (risque de vouloir se conformer aux avis des autres, perte de l’anonymat, etc.).

Dépouillement

Le dépouillement est assez simple et relativement rapide, sauf si le groupe est de grande taille. L’organisateur fait la comptabilité pour chaque item des scores attribués. Le dépouillement peut être fait en présence des personnes (mais cela peut être fastidieux) ou, en son absence : pendant une pause, un autre jour, etc.

Les indications portées sur chaque feuille de réponse sont reportées sur un tableau de dépouillement (conseil: bien s’organiser pour éviter de faire deux fois une même feuille !).

coeff. / N° items12345678
+ 2         
+ 1         
 0         
– 1         
– 2         
scores         
classement         
Exemple de tableau de dépouillement

Ensuite, des scores (somme de la colonne de l’item) sont établis pour chaque item, en multipliant par les coefficients indiqués les fréquences obtenues dans chaque position (ou classe) pour cet item. Par exemple si 3 personnes ont attribué un « +2 » , cela fait déjà 6…

Sur le tableau complété par les scores, il est ensuite possible de faire le classement des items/ assertions, numéro par numéro, depuis le score positif le plus élevé jusqu’au score négatif le plus grand.

Analyse

Les scores les plus élevés ou les plus bas désignent des points de consensus entre les personnes. Les scores moyens demandent une analyse fine pour comprendre si c’est une indifférence de la plupart des personnes qui lui ont attribué un score nul ou au contraire un item très clivant opposant des scores nets qui s’annulent dans le calcul final.

On peut enfin faire le classement final des items, point de départ du travail qui sera ensuite mené avec le groupe. On peut ainsi aboutir à un tableau du type :

les plus hauts scores 
les scores élevés 
les scores déjà moyens 
les scores négatifs 
les scores les plus bas 

Exploitation

Une fois l’analyse menée, un temps de restitution est faite au groupe, et selon le thème et l’objectif assigné au Q-sort, on mettra l’accent sur un point ou un autre. Lorsqu’il s’agit de faire évoluer des représentations, il est intéressant de refaire faire le Q-sort lorsque la formation a été suffisamment longue et adaptée pour provoquer des changements.

Exemples de Q-SORT

Sources

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